L’architecture moderne de Varsovie est un des aspects qui ne laissent personne indifférent, habitants et touristes inclus. Petit détour par les styles modernistes et social-réalistes et les constructions les plus emblématiques et les plus intéressantes de la capitale polonaise.
L’architecture moderne de Varsovie s’étend sur 3 périodes :
- Le modernisme d’avant guerre,
- Le social-réalisme ou architecture stalinienne,
- Le modernisme ou fonctionnalisme d’après guerre. Pas très compliqué dit comme ça.
Modernisme d’avant guerre à Varsovie
Le modernisme est apparu en Pologne et dans le monde pour répondre à de nouvelles préoccupations liées à l’espace de vie, l’hygiène et l’esthétique.
- Le modernisme devait fournir à chacun du soleil, de l’espace et de la verdure selon Le Corbusier,
- La forme du bâtiment devrait résulter de sa fonction selon Louis Sullivan,
- chaque bâtiment devrait être fonctionnel, esthétique et économique selon Arsenius Romanowicz.
Avant la Seconde Guerre mondiale, le modernisme en Varsovie concernent des villas bourgeoises, les bâtiments publics et quelques lotissements coopératifs. On construit à Saska Kępa, Stary Żoliborz, Stary Mokotów.
Le Corbusier a déjà une influence remarquable sur les planificateurs urbains. Varsovie est dense avec 10 000 personnes au Km2. Aujourd’hui la densité est de 3 000.
Social réalisme à Varsovie
Après les destructions de la guerre, Varsovie est détruite entre 65 et 85% selon les rives. Il faut tout reconstruire ou presque.
Dans un premier temps une grande liberté accompagne les projets des architectes mais en 1949 un style officiel va être imposé.
Le social réalisme veut que l’architecture reflète l’idéologie marxiste. Elle doit être «socialiste dans son contenu et nationale dans sa forme».
Le « contenu socialiste » correspond à fournir des conditions d’hygiène au public. La « forme nationale » va puiser dans les styles architecturaux de la Renaissance et de Classicisme pour Varsovie.
Ce nouveau style englobe architecture, design, urbanisme et toute forme de création artistique et refléter les valeurs du travail, de la tradition et du mouvement des travailleurs.
Entre 1949 et 1956, ce fut l’unique style architectural autorisé à Varsovie, qui est dès lors devenue la meilleure ambassadrice avec Berlin-est de ce curieux courant.
L’exemple le plus marquant de ce style est le Palais de la Culture, cadeau de Staline à la nation polonaise dans le quartier Centre-Nord.
Tout autour de cet ensemble, des bas-reliefs et d’imposantes statues de corps en action, faucille ou marteau à la main. Juste à côté, la place des défilés fut l’endroit de toutes les parades et évènements de propagandes du régime.
Dans un registre moins vertical, il y a MDM et la place de la constitution dans le quartier Centre-sud.
Ce projet prévoyait la construction d’un vaste ensemble où les appartements devaient tous avoir le chauffage central, l’eau chaude, des ascenseurs, des laveries. Autour, il y devait y avoir des crèches, des écoles, des cliniques, des théâtres et cinémas, une piscine couverte. On prévoyait aussi la construction du métro.
À partir de 1956, la critique du stalinisme a mis également en accusation le réalisme socialiste. On a critiqué son côté monumental à outrance, sa monotonie et les coûts importants liés aux matériaux utilisés et à la qualité artisanale.
Modernisme et fonctionnalisme d’après guerre
Plusieurs projets modernistes inspirés de Le Corbusier ont marqué l’après-guerre et l’architecture de Varsovie.
Si l’architecte le plus influent du 20e siècle n’est jamais allé à Varsovie, il a eu des collaborateurs polonais membre du CIAM (congrès internationaux d’architecture moderne) comme Helena Syrkus, Roman Piotrowski et Maciej Nowicki.
Il s’agit notamment des gares, des unités d’habitation collective et de la Rue Marszałkowska.
Façade orientale ou côté est de la rue Marszałkowska est un complexe architectural et urbain de Varsovie construit jusqu’en 1969.
Il couvre une superficie de 4,5 ha autour les principales voies de communication du nord du centre-ville face au Palais de la culture. Le complexe se compose de trois gratte-ciel, de huit bâtiments inférieurs et quatre grands magasins.
Gares de Varsovie. À côté de la Gare centrale de Varsovie, on trouve des plus petites gares du réseau ferroviaire urbain. Certaines sont des joyaux de créativité comme celle de Powisle et d’Ochota. Enfin classées comme monuments historiques.
Unités d’habitation collective. De nombreuses cités appelées Osiedle ou blokowiska ont été construites après guerre.
Un des premiers ensemble d’après-guerre est celui du quartier de Muranow construit sur le ghetto juif dont il ne restait que les gravats.
D’autres ensembles ont vu le jour comme l’Osiedle za Żelazną Bramą dans le quartier de Wola, Il y a aussi Koło II, Wrzeciono, Gocław, Szmulki…
Les idéaux du Corbusier ont été suivis en partie :
- Séparer les zones résidentielles et industrielles,
- Construire des bâtiments élevés et éloignés les uns des autres pour au plus grand nombre de profiter des vues lointaines et de la verdure depuis leur fenêtre,
- Dissocier la circulation des piétons et des véhicules pour sécuriser les trajets notamment des enfants,
- Introduire des espaces verts et les infrastructures sociales, éducatives et commerciales.
Longtemps décrié pour leur laideur et leur mauvaise qualité de construction, de nombreuses cités ont passé le test du temps.
À la fois en terme urbanistique, esthétique et de confort, elles sont devenues de véritables villes autonomes, agréables à vivre, bien reliés au centre et prisés des habitants comme par exemple Ursynow.
Le modernisme à Varsovie a prospéré de 1956 jusqu’à la fin des années 1980.
Il est depuis l’objet d’une lutte impitoyable entre les « anciens modernes » qui souhaitent conserver les constructions moderniste et les « nouveaux modernes » qui souhaitent les détruire. Ou au moins pour les historicistes de leur donner un caractère classique.
Comme le réalisme socialiste gagna dans les années 1970 les faveurs d’une population longtemps réfractaire, c’est au tour du modernisme d’avoir de plus en plus d’adeptes…
Carte de Varsovie : Lieux du guide touristique
Retrouvez tous les lieux du guide à visiter sur la carte de Varsovie (Pologne) : Hôtels selon votre budget, monuments incontournables, musées essentiels et insolites, parcs romantiques, bars et cafés originaux, clubs et salles de concerts où sortir, shopping…
Bon plan ! Vous pouvez télécharger gratuitement la carte pour une utilisation hors connexion.
Où dormir à Varsovie en Pologne en 2024 ? Sélections d’hébergements jolis, centraux ou pas chers
Pour séjourner à Varsovie (Pologne), voici nos suggestions d’hébergements en fonction de votre budget :
Auberges de jeunesse à Varsovie à partir de 13 euros
Hotels pas chers à Varsovie à partir de 56 euros
Hotels de luxe à Varsovie à partir de 156 euros
Merci pour ce joli rendu sur la ville de Varsovie que j’ai visité plusieurs fois, ayant la chance d’étudier l’histoire de la Pologne contemporaine et de cette ville ainsi que la langue polonaise lors d’un long séjour Erasmus (un an) à Francfort sur l’Oder. A présent l’héritage social-réaliste est fortement remis en question. Et la question se pose de savoir, si l’on doit détruire des monuments à présent entrés dans l’histoire, même s’ils évoquent pour les habitants un passé douloureux. Varsovie pour moins c’est un enchevêtrement entre des vieux immeubles de l’époque socialiste, des grattes-ciel ambitieux, d’imposants centre commerciaux, une vieille ville certes reconstruit mais dans la reconstruction est elle-même un fait historique.
Merci pour votre commentaire Valérie. Il y a comme souvent en Pologne une forte polarisation entre celles et ceux qui reconnaissent le caractère historique du social réalisme (ou du modernisme) et ceux qui souhaiteraient réécrire continuellement l’histoire… Dans le meilleur des cas, d’anciens palais classiques détruits pendant la guerre ou après sont reconstruit à l’identique (ou presque) en lieu et place de bâtiments social-realistes peu inspirés. Malheureusement parfois des lieux emblématiques du Varsovie d’après guerre finissent détruits pour faire place aux appétits des promoteurs immobiliers avides d’un Varsovie aux faux airs de Manhattan.