Voici l’histoire du Ghetto de Varsovie : De sa construction à sa destruction complète suite à l’insurrection de 1943.
L’histoire de Varsovie compte un grand nombre de massacres depuis sa fondation. Voici celui de la plus grande ville juive d’Europe en 1939.
En octobre 1939, Varsovie est tombée. Les Allemands lancent leur machine de propagande et présente les territoires conquis comme une oasis de bien être. Le Bhoutan de l’époque. De la nourriture est distribuée, les gens sourient. On pourrait même se demander s’il y a eu une guerre et si oui pourquoi elle a éclaté.
Des photos des Juifs sont prises. Parfois des visages étonnamment humains par rapport à la propagande nazie habituelle. Je trouve les photos très belles, douces et profondes. Autant en profiter, les autres le seront moins.
Dès l’hiver 1939-1940, les nazis commencent à persécuter les Juifs : obligation de porter un brassard blanc avec l’étoile de David bleue, identification des magasins juifs sur leurs vitrines, confiscation des radios, interdiction de voyager en train…
L’ordre de transplantation de juifs dans une zone réservée est donné le 2 octobre 1940. 80 000 non-juifs quittent le secteur, et 138 000 juifs s’y installent dans la précipitation et la peur. Le ghetto est fermé le 16 novembre 1940.
Des visites guidées sont organisées sur le terrain de l’ancien ghetto de Varsovie . |
Voir d’autres photos de propagande d’Eduard Amphlett
La construction du ghetto de Varsovie
Le ghetto se situe au centre de la ville de Varsovie, au niveau des quartiers Centre-Nord et de Muranow. Il est initialement composé de deux parties, le grand ghetto et le petit ghetto, reliées par un pont en bois. Le cimetière juif na Okopowej est l’un des lieux de contacts et de contrebande avec la partie « aryenne » de Varsovie.
Le tout est entouré de 18 kilomètres de murs hauts de plusieurs mètres et de fil de fer barbelé.
La population du ghetto, 381 000 personnes enregistrées en janvier 1941, atteint 439 000 en juin 1941 pour retomber à 400 000 en mai 1942. L’arrivée de nombreux réfugiés et la surmortalité explique ces variations. Seul lien avec l’extérieur, un tramway réservé aux Polonais non-juifs traverse le lieu.
Fonctionnement du ghetto
La gestion du ghetto est déléguée au conseil juif (Judenrat) par les occupants nazis.
Le Judenrat de Varsovie est dirigé par Adam Czerniaków. Il peut à son tour compter sur la police juive chargée de maintenir l’ordre. Elle est rémunérée et possède des avantages comme l’exemption du travail forcé. Elle est très souvent corrompue et participe aux opération de déportation massive en juillet et aout 1942.
On retrouve dans le ghetto les différences de classe sociale. Dans son journal, Miriam Berg exprime son sentiment de culpabilité de pouvoir continuer à vivre correctement alors que bien des habitants du ghetto souffrent de la faim et de maladie.
Son journal montre que la vie continue malgré tout : Des gens se marient, travaillent, discutent dans les cafés, étudient en secret car les écoles sont interdites par les nazis, vont au théâtre, au cabaret, au concert…
Les occupants emploient la main-d’œuvre du ghetto pour les besoins de l’armée et implantent de nombreux ateliers et usines dans le quartier juif.
Le ghetto est un mourroir. Les pénuries de nourriture, le froid, l’entassement et la maladie (tuberculose et typhus) emportent les plus faibles. Enfants et vieillards. À peu près 80 000 personnes meurent entre novembre 1940 et juillet 1942 sans déportation ni fusillade.
Déportation vers le camp de Treblinka
En juillet 1942, les forces allemandes commencent la préparation des déportations massives du ghetto de Varsovie vers le camp d’extermination de Treblinka et le Judenrat reçoit l’ordre de fournir la liste des Juifs et les plans des habitations.
Le 22 juillet 1942, le Judenrat reçoit des instructions que tous les Juifs de Varsovie vont être déportés vers l’est, à l’exception :
- Des Juifs travaillant dans des usines allemandes,
- Des membres de l’hôpital juif,
- Des membres du Judenrat et leurs familles,
- Des membres de la police du ghetto et leurs familles.
Pendant cette journée, Adam Czerniaków est capable d’obtenir des exemptions pour une poignée d’individus :
- Les éboueurs,
- les maris des femmes travaillant dans les usines,
- quelques étudiants en enseignement professionnel.
Malgré ses efforts, il ne parvient pas à obtenir l’exemption pour les orphelins de Janusz Korczak.
Les ordres suivants précisent que les déportations commenceront immédiatement à une cadence de 6000 personnes par jour dont le Judenrat fournira la liste et qui seront parquées par la police juive du ghetto. Tout manquement conduira à l’exécution immédiate de quelques centaines d’otages, dont des membres du Judenrat ainsi que de la propre femme de Czerniaków.
Réalisant que les déportations signifient la mort, Czerniaków plaide pour les orphelins. Après son échec, il retourne à son bureau et se suicide avec du cyanure, un jour après le début des déportations vers le camp d’extermination de Treblinka, le 23 juillet 1942. Pour beaucoup il restera un traître et un lâche qui aurait pu faire plus pour sa communauté en restant en vie.
Les rafles continuent de jour comme de nuit, aussi bien dans les habitations que dans les usines, où il est plus facile d’arrêter les Juifs. Ceux-ci sont ensuite conduits vers la Umschlagplatz, la gare de triage de Varsovie. Près de 300 000 Juifs sont ainsi entassés dans des trains avant d’être gazés à leur arrivée à Treblinka. Il s’agira d’un des plus grand camp d’extermination nazi avec Auschwitz.
La première vague de déportations vers les camps de la mort ramène la population du ghetto à 70 000 habitants.
Insurrection du ghetto de Varsovie
Les déportations massives de l’été ont motivé l’organisation d’une résistance juive dans le ghetto autour de 2 organisations :
- « Organisation juive de combat « (Żydowska Organizacja Bojowa, ŻOB) d’inspiration sioniste et bundiste (socialiste), dirigée par Mordechaj Anielewicz, 23 ans et Marek Edelman, 24 ans,
- « Union militaire juive » (Żydowski Związek Wojskowy, ŻZW), organisation sioniste révisionniste du Betar dirigée par Pawel Frenkel et Dawid Moryc Apfelbaum.
Le 18 janvier 1943, ces deux groupes s’opposent par la force à une nouvelle vague de déportation ; après quatre jours de combats de rue le ghetto est paralysé et les déportations stoppées.
Heinrich Himmler ordonne de détruire complètement le ghetto. Le 19 avril, la police et les forces auxiliaires SS entrent dans le ghetto afin de faire reprendre les déportations. Bien qu’équipées de tanks, d’artillerie et lance-flammes, les quelques 2000 soldats allemands rencontrent une très vive résistance de la part de moins d’un milliers de résistants. Le plan prévoyant une prise intégrale du ghetto en trois jours échoue.
La résistance polonaise (AK ou Armia Krajowa) dirigée par le gouvernement polonais exilé à Londres fourni des armes aux insurgés. Elle a aussi tenté de réaliser une brêche dans le mur du ghetto pour permettre une évacuation. Sans succès. Quelques résistants juifs polonais parvinrent néanmoins à s’enfuir du côté « aryen » de Varsovie par les canalisations.
Le 8 mai s’achève ce combat sans espoir « pour votre liberté et pour la nôtre ». D’après une expression romantique polonaise utilisée en 1848 lors du Printemps des peuples. Les principaux leaders de l’insurrection pris au piège se suicident. Certains s’échappent.
Durant les combats, près de 500 insurgés et 13000 civils sont tués. Les Allemands déportent les 53 000 survivants dans le camp d’extermination de Treblinka et dans les camps de travail de Poniatowa, de Trawniki et de Majdanek.
Les nazis admettent 17 morts, la presse clandestine polonaise parle de 82 morts côté allemand.
La disparition du ghetto de Varsovie
Le 16 mai près d’un mois après le début d’insurrection se termine l’insurrection. L’acte finale est la destruction de la grande synagogue de Varsovie.
Le ghetto est ensuite réduit en poussière sur ordre d’Hitler. Le lieu d’une insurrection juive contre l’Allemagne nazie doit disparaître de la surface de la terre. Par idéologie et pour marquer les esprits. Chaque bâtiment, chaque cheminée, chaque mur est détruits. Il ne reste rien des lignes de tramway, des places, du tracé des rues ou même des trottoirs.
Celles et ceux qui y retournent en 1944 ou en 1945 ne discernent rien ce que fût leur quartier. Il n’y a aucune ruine qui pourrait évoquer le souvenir d’un batiment. Les rues où ils ont grandi, joué, les lieux où ils ont vécu se sont évaporés.
Cette mer de ruine couvre 300 hectares. L’équivalent de 420 terrains de football.
Sur la destruction et la reconstruction de Varsovie après 1945.
Insurrection et rôle dans l’histoire
L’impact psychologique de l’insurrection du ghetto de Varsovie est important. La résistance fut plus forte que prévue par les Allemands, même si l’issue était certaine vu le déséquilibre des forces. Les Juifs ont livré bataille sans attendre passivement la mort.
Anielewicz restera pour Israel le héros de l’insurrection du ghetto de Varsovie. Edelman, seul chef survivant à l’insurrection resta en Pologne après la guerre. Il devint l’un des plus éminents cardiologues du pays. Il critiqua à de nombreuses reprises la politique d’Israel :
« Israël s’est créé sur la destruction de cette immense culture juive multiséculaire qui s’était épanouie entre la Vistule et le Don. La culture israélienne, ce n’est pas la culture juive. Quand on a voulu vivre au milieu de millions d’Arabes, on doit se mêler à eux, et laisser l’assimilation, le métissage, faire leur œuvre ».
A peine plus d’un an plus tard, Varsovie connaîtra sa 2e insurrection en 1944 avec à la clé un massacre encore plus grand. Les communautés juives et catholiques de Pologne périrent comme elles vécurent, chacune de leur côté.
Marek Edelman et d’autres au milieu. Le chef survivant de l’insurrection du ghetto, combattit les nazis dans l’insurrection de la ville en 1944. Le résistant juif polonais s’éteignit en 2009 à Varsovie à l’âge de 90 ans.
Musée du ghetto de Varsovie
Un musée dédiée au ghetto de Varsovie et à son insurrection est en construction.
Le musée se situera dans l’ancien hôpital pour enfants de Bersohnów et Baumanów (ul. Śliska 51 / ul. Sienne 60).
Site officiel : https://1943.pl/en/
Héritage juif de Varsovie
Vous pouvez chercher et trouver des traces de l’héritage juif dans la Varsovie d’aujourd’hui :
- Le musée d’histoire des Juifs de Pologne
- Les traces dans l’ancien quartier Juif de Muranow,
- Le cimetière juif de Powazki et celui de Praga,
- La synagogue Nozyk.
- Pour en savoir plus sur Varsovie, plus grande ville juive d’Europe avant 1939.
Des visites guidées sont organisées sur le terrain de l’ancien ghetto de Varsovie . |
Ressources sur le ghetto de Varsovie
Description du ghetto après sa destruction complète. Vidéo sur Youtube en polonais.
Carte de Varsovie : Lieux du guide touristique
Retrouvez tous les lieux du guide à visiter sur la carte de Varsovie (Pologne) : Hôtels selon votre budget, monuments incontournables, musées essentiels et insolites, parcs romantiques, bars et cafés originaux, clubs et salles de concerts où sortir, shopping…
Bon plan ! Vous pouvez télécharger gratuitement la carte pour une utilisation hors connexion.
Où dormir à Varsovie en Pologne en 2024 ? Sélections d’hébergements jolis, centraux ou pas chers
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A noter que de l’été 1943 à juillet 1944 sera établi sur les ruines du ghetto le KL Warschau, surnommé Gęsiówka (situé sur la rue Gęsia), camp de concentration regroupant environ 5000 prisonniers juifs issus de plusieurs camps, principalement Auschwitz, avec pour tâche de déblayer les ruines du ghetto et trier les matériaux.
Bonjour
Mon père Julien OBARJANSKY déporté à Auschwitz en février 43 (convoi 48 au départ de Drancy) a quitté Auschwitz pour déblayer le ghetto vers l’été 43 (date à préciser…). il est donc passé par ce camps. Les documents sur Gesiowka me seraient fort utiles dans mon travail de recherche. Y-a-t-il des archives, des photos, des fiLms sur le sujet?… Merci pour votre aide. Cordialement. DA
Bonjour, je vous conseille de vous rapprocher du Musée des Juifs polonais POLIN. Ce volet de leur activité peut peut être vous aider :https://polin.pl/en/resource-center. Vous pouvez les contacter par mail : resourcecenter@polin.pl. J’espère que vos recherches seront fructueuses.
Bonjour
J’ai connu votre père qui était un ami du mien ( jean Jacques rubinstein). Je l’ai rencontré dans son magasin (OBAR)de vêtements. J’ai le souvenir d’un homme très sympathique avec un beau sourire. Vieux souvenir qui date de 50 ans. Je me souviens qu’il refusait de vendre à des touristes allemands.
Cordialement
Francis Rubinstein
Bonjour
pardonnez-moi je n’avais pas eu connaissance de votre message auquel je réponds avec retard.
Merci pour votre témoignage. Pour votre info j’ai publié un livre sur mon père que vous pouvez consulter en ligne avec le lien suivant : klarsfeld-ffdjf.org/publications/livres/2022-Julien-par-Daniel-84-pages/mobile/index.html
Bien cordialement.
Daniel AUBART
Bonjour
j’ai eu votre message tardivement mais je tiens à vous en remercier.
j’ai suivi votre conseil et j’ai envoyé un mail à cette adresse.
Bien cordialement.
Daniel
Bonjour, je croise les doigts pour que vous obteniez des infos utiles.