C’est sous le ciel éclatant et orageux du nord du Maroc, entre les ruelles de la médina et la quiétude des jardins, que Matisse va réinventer sa palette et approfondir son travail sur la lumière et la composition. Ses séjours à Tanger, en 1912 et 1913, donneront naissance à une série de toiles vibrantes, où l’Orient rêvé dialogue avec une approche toujours plus épurée de la couleur et de la forme.

Vue sur la Baie de Tanger de Matisse (1912).
Vue sur la Baie de Tanger de Matisse (1912).

Lorsqu’Henri Matisse débarque à Tanger en 1912, il ne se doute pas encore que ce séjour marocain va marquer un tournant décisif dans son œuvre. Déjà reconnu comme l’un des artistes majeurs du mouvement fauve, il cherche alors un renouveau pictural, une nouvelle manière de voir et de traduire le monde sur la toile.

Pourquoi Matisse se rend-il à Tanger ?

En 1912, Matisse traverse une période de doute et de remise en question. Son style fauve, aux couleurs explosives et aux contours audacieux, commence à évoluer vers une approche plus structurée.

C’est à cette époque qu’il fait la rencontre d’Étienne Dinet, un peintre orientaliste français, qui l’incite à découvrir le Maroc. Fasciné par l’idée d’un voyage en Afrique du Nord, Matisse décide de partir pour Tanger en janvier 1912, alors que la ville est sous administration internationale. Il espère y retrouver une lumière pure, similaire à celle qu’il avait tant aimée à Collioure ou à Nice, et y explorer de nouvelles voies artistiques.

Tanger, une révélation artistique

Dès son arrivée, Matisse est frappé par l’intensité lumineuse et la richesse des couleurs du Maroc. Il s’installe au Grand Hôtel Villa de France, dans une chambre avec vue sur la médina et la baie de Tanger.

Mais les premiers jours sont difficiles :

  • Il pleut abondamment, ce qui empêche l’artiste de travailler en extérieur.
  • Il peine à trouver des modèles locaux, les habitants se montrant méfiants face à l’idée d’être peints.
  • La ville lui semble désordonnée et moins accessible qu’il ne l’avait imaginée.

Cependant, au fil des semaines, Matisse s’adapte et découvre un univers visuel fascinant : les marchés colorés, les caftans chatoyants, les motifs géométriques des tapis et des céramiques, mais surtout, une lumière unique, qui sculpte les formes et magnifie les contrastes.

Les œuvres de Tanger : Quand la couleur devient architecture

Le séjour marocain de Matisse donne naissance à une série de tableaux où l’on retrouve son langage pictural épuré et coloré. Parmi les œuvres les plus emblématiques, on peut citer :

1. « La porte de la casbah » (1912)

L’une des toiles les plus célèbres de son séjour, représentant une porte bleue massive du quartier de la Casbah à Tanger, encadrée par des pans de murs lumineux. Matisse joue sur le contraste entre la structure architecturale et la douceur des ombres projetées par le soleil.

Porte de la Casbah (Tanger) par Henri Matisse.
Porte de la Casbah (Tanger) par Henri Matisse.

2. « Zohra sur la terrasse » (1912)

Un portrait d’une jeune femme marocaine, vêtue d’un caftan aux tons éclatants. Contrairement aux portraits orientalistes traditionnels, Matisse ne cherche pas à exotiser son modèle mais à capter l’harmonie des couleurs et des formes.

À genoux sur un tapis, dans l’ombre paisible d’une terrasse, elle semble en suspension. Un halo subtil l’entoure, accentuant la sérénité de sa posture en prière et insufflant à la scène une dimension spirituelle. À ses côtés, un bocal de poissons rouges renforce cette impression de recueillement et de méditation.

"Zorah sur la terrasse" par Henri Matisse au Musée Pouchkine.
« Zorah sur la terrasse » par Henri Matisse au Musée Pouchkine.

3. « Vue de la fenêtre » (1912)

Peinte depuis sa chambre d’hôtel au Grand Hôtel Villa de France, cette œuvre montre un paysage simplifié, où les volumes et les aplats de couleur traduisent la vision que Matisse se fait de Tanger : une ville où la lumière et la couleur structurent l’espace.

Au premier plan se trouve l’Église anglicane St Andrew et son cimetière romantique.

"Vue de la fenêtre" Par Henri Matisse au Musée Pouchkine.
« Vue de la fenêtre » Par Henri Matisse au Musée Pouchkine.

Une transition vers l’abstraction

L’expérience marocaine ne transforme pas seulement la palette de Matisse, elle le pousse aussi à réduire ses formes à l’essentiel. Il commence à éliminer les détails superflus pour ne garder que la pureté des lignes et l’intensité chromatique, une démarche qui préfigure ses futurs découpages et l’extrême dépouillement de ses œuvres tardives.

Si Matisse quitte Tanger en avril 1912, il y reviendra une seconde fois en 1913, poursuivant son exploration de la couleur et de la lumière.

L’héritage de Matisse à Tanger

Aujourd’hui, l’empreinte de Matisse demeure à Tanger :

  • Le Grand Hôtel Villa de France a conservé sa chambre, devenue un lieu de mémoire pour les amateurs d’art.
  • Ses toiles marocaines sont exposées dans les plus grands musées du monde, notamment au MoMA (New York)et au Centre Pompidou (Paris).
  • Son influence est toujours perceptible chez les artistes contemporains fascinés par la lumière et la simplification des formes.
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Vue sur la Baie de Tanger de Matisse (1912).

Maciej

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