Construit par Le Corbusier, le couvent Sainte-Marie de La Tourette accueille une communauté de frères dominicains. Situé à une trentaine de kilomètres de Lyon sur la commune d’Éveux, l’édifice est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2016.
Qui sont les Dominicains ?
Les Dominicains sont un ordre mendiant dont l’une des particularités est de porter la voix de Dieu à travers l’enseignement et les professions intellectuelles.
Ils vivent dans des couvents (et non dans des monastères) généralement en ville et ils participent à la vie de la cité.
La conception du couvent de la Tourette
Depuis 1918 et la fin des atrocités de la 1ere guerre mondiale, la France connaît un regain de vocation.
Au milieu du 20ème siècle, le Révérend Père Marie-Alain Couturier est un théoricien de l’art et l’un des principaux acteurs du renouveau de l’art sacré en France.
Naît chez lui l’idée d’un couvent tourné vers l’étude (studium), dans la région lyonnaise, suffisamment grand pour accueillir une centaine de moines.
La construction aura lieu sur un terrain appartenant à la confrérie, le domaine de la Tourette à Eveux au-dessus de l’Arbresle à l’ouest de Lyon.
Il demande à l’architecte Le Corbusier, alors au faîte de sa gloire, de construire les bâtiments. Un autre studio d’architecte est également consulté.
La proposition des seconds s’avère classique, mais sans éclat. Elle est donc refusée pour suivre le projet monumental de l’architecte suisse.
Les travaux débutent en 1954. Dès 1959, les frères dominicains occupent le bâtiment qui est inauguré l’année suivante. En 1970 est créé le Centre Thomas More tandis qu’en 2011 est inauguré le Centre culturel de la Tourette.
De 2006 à 2013, le couvent a fait l’objet d’importants travaux de rénovation.
L’architecture du bâtiment signé Corbusier
La conception du couvent est l’oeuvre d’une collaboration de Le Corbusier aidé en cela par Fernand Gardien associé à André Wogenscky. Iannis Xenakis, compositeur et architecte fût notamment associé au travail sur la lumière.
Le site comprend une église, des bâtiments conventuels, des salles de cours, un cloître ainsi qu’une bibliothèque et une centaine de cellules monastiques. La crypte est éclairée par des puits de lumière, tranchant avec la pénombre de l’église.
Le Corbusier met en pratique les techniques qu’il affectionne pour construire ce bâtiment en béton de cinq étages. Il utilise les cinq points de l’architecture moderne parmi lesquels :
- le toit-terrasse,
- la façade libre,
- les pilotis.
On peut notamment admirer les vitrages verticaux qui illuminent le cloître et les « fleurs de béton » qui masquent en partie les fenêtres du couvent.
Anecdote liée à la mort du Corbusier
Le Corbusier est mort en août 1965 dans le sud de la France à l’âge de 77 ans.
Pour la petite histoire, le corps de l’architecte a transité toute une nuit dans le couvent de la Tourette avant d’être transporté à Paris pour une cérémonie nationale.
Il est enterré à Roquebrune et repose sous le monument funéraire qu’il a lui-même dessiné.
Couvent de la Tourette aujourd’hui et avis subjectif
Aujourd’hui, le couvent Sainte-Marie de La Tourette est encore occupé par une dizaine de Dominicains qui accueillent des hôtes en retraite et organisent des expositions d’art contemporain, des concerts, des voyages et des rencontres.
Le site est également entouré d’un beau parc de 70 hectares qu’il est possible de visiter.
Malgré son jeune âge, on peut s’interroger, est-ce que le bâtiment construit en 1960 a-t-il ou non passé l’épreuve du temps ?
En 2023, le couvent est occupé à moins de 10% (9 moines dominicains pour 100 prévus initialement). Certains situent cette crise de vocation à la « permissivité » de 1968. Cette sous-utilisation du couvent a des implications dans la vie, la tenue et le ressenti en tant que visiteurs.
Les espaces conçus sont trop grands et trop vides : Du chapitre au réfectoire en passant par l’église. La sensation dominante est celle d’une coquille vide, prétentieuse et froide.
L’utilisation du béton rend le chauffage et la climatisation de grand volume difficile. Il fait froid l’automne et l’hiver et chaud, voire très chaud en été. L’église n’est pas utilisée par les moines en hiver pour ses raisons.
Si plusieurs cloîtres théoriques se superposent à plusieurs niveaux dans le couvent des pilotis au toit (espace fermé à la visite et chemin invisible sur Google Map), aucune galerie ouverte en tant que telle n’existe, aucun jardin non plus. Il y a des couloirs mais aucune référence aux 4 points cardinaux, aux 4 saisons, aux 4 vertus cardinales, aux 4 grands prophètes, aux 4 évangiles… C’est évidemment subjectif mais aucun ordre ou aucune harmonie ne se dégage de l’existant. Les cours s’apparentent à des déserts urbains, impraticables et chaotiques.
Les bâtiments connaissent malgré une rénovation récente (2013) des problèmes d’infiltration d’eau. Le toit en forme de pyramide de la chapelle est fragilisé. Les projections de béton, sorte de crépi boursoufflé décoratif, brunissent. Des flaques d’eau trempent les couloirs vides.
L’église est un vaste tombeau froid et assourdissant dont on espère fuir l’étreinte aussitôt passé la solide et lourde porte rotative de l’entrée. Dans l’église, la salle de prière individuelle en escalier n’est plus utilisée, ni la sacristie plongée dans le noir malgré des fenêtres de toits. Reste l’utilisation esthétique (et non symbolique ou fonctionnelle des couleurs) qui apporte un peu de lumière et de joie.
Les cellules conçues pour les moines selon le Modulor, le nombre d’or du Corbusier, ne sont pas visitées lors d’une visite guidée. On vous présentera une maquette de cette chambre exiguë (longue de 5,92 m, large de 1,83 m et de la hauteur de 2,26 m) où s’enchaine armoire, lavabo, lit et table. À moins de venir y faire une retraite, vous ne gouterez pas à l’optimisation de l’espace individuel selon la taille idéale d’un être humain (oui, oui) : 1,83 m.
Malgré mon retour d’expérience assez tranché et mon appréciation assez négative du couvent, il est vivifiant de venir se frotter à des constructions aussi atypiques.
Informations pratiques (horaires, tarif) sur le Couvent de la Tourette du Corbusier
Le couvent de la Tourette se trouve à 25 km de Lyon. Il est préférable de s’y rendre en voiture. La gare la plus proche (Gare de l’Arbresle) se trouve à 35 minutes à pied.
Adresse : Route de la Tourette, 69210 Éveux
Horaires d’ouverture :
Du 1er juillet au 31 août 2023 les visites ont lieu tous les jours : Du Lundi au Samedi à 10h00, 14h00 et 16h00. Le Dimanche à 14h00 et 16h00.
En dehors de l’été, les sessions de visite ont lieu essentiellement vendredi, samedi et dimanche.
Consultez le site officiel pour des horaires des visites précis. L’achat des billets se fait exclusivement par internet.
Prix de la visite (en 2023) : 10€ la visite guidée à plein tarif.
Site officiel : https://www.couventdelatourette.fr
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