Il y a au moins 3 choses et lieux assez hors du commun ou insolites lorsque l’on pense Ljubljana. Elle touche à l’urbanisme et au travail d’un architecte, au symbole de la ville et à ses probables origines et à un lieu de contre-culture, anarchiste, alternatif et libre…
1. Jože Plečnik, l’architecte génial d’une ville humaine et élégante
Entre la 1ere et la 2e guerre mondiale, sous l’action d’un homme, Ljubljana passe d’une ville provinciale d’un Empire trop grand (l’Autriche-Hongrie) à celui de capitale symbolique pour le peuple slovène alors intégré dans la monarchie yougoslave.
Peu d’architectes-urbanistes ont eu l’opportunité de transformer aussi profondément une ville (Christopher Wren à Londres ?). Rares sont ceux ayant eu le génie de créer une ville traversant les 100 dernières années avec autant de “réussite” et d’élégance.
A ce titre, les oeuvres de Jože Plečnik (1872–1957) sont classées au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO depuis 2021.
Cette approche urbanistique à échelle humaine et fortement liée au contexte ainsi que le langage architectural particulier de Plečnik sont considérés comme se distinguant d’autres principes modernistes prépondérants de son époque. Il s’agit d’un exemple exceptionnel de création d’espaces publics, d’édifices et d’espaces verts selon la vision d’un seul architecte, dans le cadre temporel et spatial limité d’une ville existante et avec des ressources limitées.
UNESCO, https://whc.unesco.org/fr/list/1643/
Sur la base du paysage urbain créé par l’homme et de ses caractéristiques naturelles, 2 axes urbains ont été conçus : l’axe terrestre et l’axe aquatique. Ces deux axes sont reliés par des axes transversaux, qui contribuent à former le réseau urbanistique de la ville.
Les 2 axes comprennent l’essentiel des lieux les plus intéressants à visiter :
- 1er axe “terrestre” : Du Château au Palais de Tivoli en passant par le palais présidentiel avec initialement la construction de l’université et du parlement dans le parc de Tivoli.
- 2e axe “aquatique” : Le long de la rivière perpendiculaire au premier réunissant des espaces publics comme le marché, la bibliothèque universitaire, plusieurs ponts et places.
Les œuvres de l’architecte comprennent des institutions comme des espaces publics. Elles sont intégrées dans le contexte existant et communiquent harmonieusement entre elles.
Une série d’espaces publics dote la ville d’équipements publics, allant d’espaces spirituels (les églises Saint-Michel et Saint-François d’Assise, Žale de Plečnik – Le Jardin de Tous les Saints), espaces de détente (parc archéologique le long des remparts romains, et promenades le long des quais de la rivière Ljubljanica, quai de Trnovo), aux activités de marché (marché de Plečnik), de socialisation (place du Congrès, les trois ponts, le pont des cordonniers) et aux activités intellectuelles et culturelles (rue Vegova, bibliothèque nationale et universitaire ).
Idem
Par ailleurs, un régime de protection garantit que les zones actuellement non bâties, comme les potagers autour des maisons de la ville restent sans construction et que l’espace préserve son utilisation traditionnelle.
Le quartier de Krakovo pû ainsi conserver ses maisons-potagers (et non ses cités-jardins). C’est bucolique, apaisant et enthousiasmant. Vous pourrez plonger du regard dans le potager des autres et y ressentir l’amour de la terre. C’est assez exceptionnel dans une capitale européenne d’avoir à moins d’1 km du Palais présidentiel des jardins aussi nombreux et étendus.
Dans le quartier de Trnovo plus au sud, l’architecte avait sa maison, aujourd’hui transformée en musée. Une visite obligatoire si vous aimez l’architecture, l’urbanisme ou si vous êtes tombés sous le charme de la ville sans vraiment comprendre pourquoi. Des réponses s’y trouvent.
Voici une visualisation 3D de plusieurs projets non réalisés par l’architecte comprenant la Cathédrale de la liberté (Assemblée slovène initialement proposé à la place du château puis dans le parc de Tivoli), l’escalier d’accès au château, le pont traversant les bâtiments du marché couvert.
2. Dragon, symbole de Ljubljana à multiples facettes
Le dragon est le symbole de Ljubljana.
On le retrouve un peu partout : sur les armoiries de la ville évidemment, au sommet de la tour du château et aussi sur le Pont du Dragon traversant la rivière Ljubljanica en direction du marché.
Le dragon représente plusieurs valeurs comme le pouvoir, le courage et la grandeur.
L’origine du dragon n’est pas établie avec certitude et plusieurs mythes se la disputent.
Chez les Slaves, tuer un dragon libère les eaux et assure la fertilité de la terre. Ce mythe pourrait être lié à la vaste zone marécageuse qui menaçait périodiquement Ljubljana d’inondations.
Cracovie est aussi un dragon comme symbole. Assassiné grâce à une ruse au bord du fleuve et des marécages de la ville naissante, sa mort permit le développement du royaume du légendaire Krak.
D’après la légende grecque, Jason des Argonautes aurait abattu un monstre dans les marais entre les villes actuelles de Ljubljana et Vrhnika plus au sud. De la légende aux armoiries, le monstre serait devenu un dragon.
Enfin dans la tradition chrétienne, le dragon vaincu par Saint Georges symbolise le mal et le paganisme vaincu par la religion à la croix.
3. Metelkova Mesto : Centre culturel autogéré
Voici le coeur alternatif de la ville : La Christiania slovène.
Comme à Copenhague, une ancienne base militaire est réclamée par des activistes politiques pour devenir un squat où la vente d’herbe est tolérée. Compte tenu du nombre de dealers et de leur présence quotidienne, je ne sais pas si c’est toléré mais ce n’est un secret pour personne.
Comme à Christiania, sous prétexte d’autogestion des dealers prosélytes et agressifs s’installent et grignotent une liberté commune, menacent les visiteurs et les personnes à l’origine du lieu, homme et femme sans distinction.
C’est assez ironique de voir des mouvements anarchistes classés à l’extrême gauche servir de cheval de Troie à des groupes mafieux claniques intéressés par le pouvoir et l’argent, générant violence et corruption à tous les étages.
Quoi d’autres à Metelkova ? Des bars vraiment pas chers avec une ambiance sympa et légère, des salles de concerts et des spectacles improvisés parfois un peu cheap, parfois surement chouette à découvrir.
L’endroit est couvert de street art, peintures, sculptures et installations. Il y a franchement sur quoi jeter un coup d’œil curieux.
L’ancienne prison militaire est devenue une auberge de jeunesse parmi les plus sympas et les plus confortables dans lesquelles j’ai pu dormir.
Il y a deux musées dans le quartier : Le musée ethnographique (et son agréable café) et celui d’art contemporain tous les deux autours d’une place où beaucoup viennent skater.
Carte de Ljubljana en Slovénie : Tous les lieux du guide
Retrouvez tous les lieux d’intérêt du guide sur la carte de Ljubljana (Slovénie) : Hotels, auberges, monuments, musées, bars…