Voici quelques suggestions de lecture pour approfondir votre connaissance sur Auschwitz, la solution finale nazie et les camps et leur fonctionnement.

Commandants et cadres SS d'Auschwitz en 1944 de gauche à droite Richard Baer, commandant d'Auschwitz, Dr Josef Mengele et Rudolf Hoess, ancien commandant d'Auschwitz.
> Commandants et cadres SS d’Auschwitz en 1944 de gauche à droite Richard Baer, commandant d’Auschwitz, Dr Josef Mengele et Rudolf Hoess, ancien commandant d’Auschwitz.

« Médaillons » de Zofia Nalkowska 

« Médaillons » de Zofia Nalkowska (1884-1954), unique femme de la société des lettres polonaises d’avant guerre. Elle participe à la Commission d’enquête sur les crimes allemands en Pologne, assistent aux interrogatoires des témoins, aux procès des victimes, à des enquêtes sur place, en particulier dans le camp d’extermination de Chelmno.

Elle publie Médaillons en 1946, des nouvelles entre fiction et document, narration et compte rendu, entre pensées prêtées aux protagonistes et descriptions réalistes. Chacun des huit textes concerne l’horreur de la guerre et de la Shoah : Convoi de déportés, ghetto vu du côté aryen, expérimentation sur les détenus, aspect économique des camps d’extermination, etc.

Il s’agit de la première oeuvre littéraire sur la solution finale. Un choc à sa publication et jusqu’aujourd’hui.

« Et si c’était un homme » de Primo Lévi

« Et si c’était un homme » de Primo Lévi (1919-1987). Chimiste et résistant juif italien, arrêté et déporté à Auschwitz. Il est transféré au camp auxiliaire de Monowitz-Buna (Auschwitz III) dans une filiale d’IG Farben (BASF, Bayer et AGFA) chargée de produire un ersatz de caoutchouc pour soutenir l’effort de guerre allemand.

Primo Levi explique la lutte et l’organisation pour la survie des prisonniers. Il montre les horreurs de la déshumanisation des camps sur un ton neutre et dépassionné. Il explique le rôle des kapos qui sont bien souvent des prisonniers de droit commun sélectionnés pour leur violence. Il explique aussi les hiérarchies à l’intérieur du camp, le « système » de promotion interne, la crainte du froid, la faim tenace, le désintérêt complet des prisonniers pour les plus faibles d’entre eux. Le livre témoigne avec réalisme mais sans haine de la déshumanisation des êtres.

« Être sans destin » de Imre Kertész

« Être sans destin » de Imre Kertész (1929-2016). Né dans une famille juive modeste, d’un père marchand de bois et d’une mère employée, Imre Kertész est déporté, à l’âge de 15 ans, à Auschwitz en 1944, puis transféré à Buchenwald. 

C’est un roman sobre, distancié et parfois ironique sur la vie d’un jeune déporté hongrois. L’auteur dresse un tableau de la situation des Juifs à Budapest pendant la guerre : Port de l’étoile jaune, travail obligatoire, couvre-feux, les rafles, les mensonges des nazis relayés par l’administration juive du Judenrat, le transport dans des wagons, la sélection à l’arrivée à Auschwitz, la transformation des hommes en déportés, la promiscuité, l’attente interminable de la quarantaine, la faim, les transferts incessants de camp en camp (surtout à partir de l’automne 1944), les Kapos, l’obsession de la nourriture, la perte de toute solidarité, les différentes réactions des Juifs face à leur sort…

« Anus Mondi » de Wieslaw Kielar

« Anus Mondi » de Wieslaw Kielar (1919-1990). L’auteur est un Polonais de 21 ans arrivé à Auschwitz dans le premier convoi. Nous sommes le 14 juin 1940 et il obtient le matricule 290. Il restera à Auschwitz jusqu’en fin 1944 d’où il sera déporté dans d’autres camps en Allemagne.

Wieslaw Kielar témoigne de l’histoire du camp. Il analyse le système de terreur mis en place par les nazis. Il montre que parmi les déportés, certains occupent des positions privilégiées et sont récompensés de leur efficacité dans la mise à mort par la faim, les coups, le travail forcé des victimes sous leur commandement. Il décrit des situations tellement hors-norme qu’il ne semble pas y croire lui-même.

« La mort est mon métier » de Robert Merle

« La mort est mon métier » de Robert Merle (1908-2004). Ecrivain français né en Algérie, prisonnier de guerre à Dunkerque et jusqu’en 1943. Il était aussi professeur et sympathisant communiste.

Ce roman est basé sur les entretiens de Rudolf Höss, le directeur du camp d’Auschwitz avec le psychologue américain Gustave Gilbert lors du procès de Nuremberg. La première partie de l’ouvrage est une œuvre de fiction, une « re-création étoffée et imaginaire de la vie de Rudolf Höss [Rudolf Lang dans le roman], d’après le résumé de Gilbert ».

La seconde partie concerne Auschwitz : « Ce qui est affreux et nous donne de l’espèce humaine une opinion désolée, c’est que pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes […] Il y a eu sous le nazisme des centaines, des milliers de Rudolf Lang, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs mérites portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’État. Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement qu’il est monstrueux ».

Vous pouvez aussi consulter les ouvrages sur le nazisme et les conférences sur Youtube des historiens Christian Ingrao et Johann Chapoutot. C’est passionnant.


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De gauche à droite Richard Baer, commandant d'Auschwitz, Dr Josef Mengele et Rudolf Hoss l'ancien commandant d'Auschwitz

Maciej

J'aime me perdre à la recherche d'endroits surprenants.

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